Bernard DimeyDemain je crois

 
   

Malgré le peu d’argent qu’on a
Malgré notre gueule en tirelire
Et le goût des chemins de croix
De la mitraille et du délire
 
Malgré ces gens qui march’ au pas
Qui se réchauffent d’être ensemble
Malgré trois cents gueules de bois
Et des milliers de mains qui tremblent
 
Demain je crois
 
Malgré les chemins de l’amour
Et cette peur que j’ai des femmes
Qui m’ont laissé le souffle court
Au petit jour au bord du drame
 
Malgré mes cheveux qui s’en vont
Et ma voix de plus en plus fausse
Dans les ornières de mes chansons
Malgré mes dents qui se déchaussent
 
Demain je crois
 
Malgré la peur du lendemain
Qui me prend le soir à la gorge
Et qui serre fort à deux mains
Malgré l’enfer que je me forge
 
Demain je crois
 
Malgré mes enfants de l’amour
Que j’ai vu mourir avant terme
Malgré des milliers de discours
Et ma gueule enfin que je ferme
 
Malgré les soleils de minuit
Qu’on imagine à la campagne
Et qui vont se coucher sans bruit
Au crépuscule à qui perd gagne
 
Demain je crois
 
Malgré ces enfants par millions
Que l’on élève et que l’on forme
Au jardin fou des illusions
Au prestige de l’uniforme
 
Malgré les amis de partout
Et mes angoisses et mes problèmes
Malgré toi, malgré toi surtout
Toi dont j’ai si peur et que j’aime
 
Demain je crois
 
Prenant mon courage à deux mains
Je m’en irai plein d’allégresse
Sur le dernier de mes chemins
En chantant sans laisser d’adresse
 
Demain je crois