Évariste ParnyDialogue

 
   

« Quel est ton nom, bizarre enfant ? — L’Amour.
— Toi l’Amour ? — Oui, c’est ainsi qu’on m’appelle.
— Qui t’a donné cette forme nouvelle ?
— Le temps, la mode, et la ville, et la cour.
— Quel front cynique ! et quel air d’impudence !
— On les préfère aux grâces de l’enfance.
— Où sont tes traits, ton arc, et ton flambeau ?
— Je n’en ai plus ; je triomphe sans armes.
— Triste victoire ! Et l’utile bandeau
Que tes beaux yeux mouillaient souvent de larmes ?
— Il est tombé. — Pauvre Amour, je te plains.
Mais qu’aperçois-je un masque dans tes mains ;
Des pieds de chèvre, et le poil d’un Satyre ?
Quel changement ! — Je lui dois mon empire.
— Tu règnes donc ? — Je suis encore un dieu.
— Non pas pour moi. — Pour tout Paris. — Adieu. »