Rodenbach 

 
   

C’est là qu’il faut aller quand on se sent dépris
De la vie et de tout et même de soi-même ;
Ville morte où chacun est seul, où tout est gris,
Triste comme une tombe avec des chrysanthèmes.
 
C’est là qu’il faut aller se guérir de la vie
Et faire enfin le doux geste dont on renonce ;
Il en émane on ne sait quoi qui pacifie ;
Quel beau cygne est entré dans l’âme qui se fonce ?
 
On souffrait dans son âme, on souffrait dans sa chair ;
Mais il advient qu’un peu de joie encore pleuve
Avec le carillon intermittent dans l’air...
C’est là qu’il faut aller quand on a l’âme veuve !