Je cheminay long-temps, qu’il faisoit nuit encore,
Sous la brune lueur de l’astre decroissant ;
Mais, au sortir du bois, l’air devint blanchissant ;
Et, me tournant tout court, je vis le beau Phosphore.
Puis soudain devant moi, vers le rivage more,
J’apperçus la beauté qui me rend languissant,
Du haut de sa fenestre, à l’envi paroissant,
Qui luisoit pair à pair vis-à-vis de l’Aurore.
Je demeuray confus, voyant de deux costés,
Reluire egalement deux egales clartés,
Deux aubes, ce sembloit, qui se faisoient la guerre.
Ce duel incertain fit douter à mes yeux
Si ma Charlotte estoit l’Aurore de la terre,
Ou si l’Aurore estoit la Charlotte des cieux.