Gilles Durant de la Bergerie 

 
   

Je cheminai longtemps qu’il faisait nuit encore
Sous la brune lueur de l’astre décroissant,
Mais au sortir du bois l’air devint blanchissant,
Et me tournant tout court je vis le beau Phosphore.
 
Puis soudain devant moi vers le rivage More,
J’aperçus la beauté qui me rend languissant,
Du haut de sa fenêtre à l’envi paraissant,
Qui luisait pair à pair vis-à-vis de l’Aurore.
 
Je demeurai confus voyant de deux côtés
Reluire également deux égales clartés,
Deux aubes, ce semblait, qui se faisaient la guerre.
 
Ce duel incertain fit douter à mes yeux
Si ma Charlotte était l’Aurore de la terre,
Ou si l’Aurore était la Charlotte des cieux.

 

   

Je cheminay long-temps, qu’il faisoit nuit encore,
Sous la brune lueur de l’astre decroissant ;
Mais, au sortir du bois, l’air devint blanchissant ;
Et, me tournant tout court, je vis le beau Phosphore.
 
Puis soudain devant moi, vers le rivage more,
J’apperçus la beauté qui me rend languissant,
Du haut de sa fenestre, à l’envi paroissant,
Qui luisoit pair à pair vis-à-vis de l’Aurore.
 
Je demeuray confus, voyant de deux costés,
Reluire egalement deux egales clartés,
Deux aubes, ce sembloit, qui se faisoient la guerre.
 
Ce duel incertain fit douter à mes yeux
Si ma Charlotte estoit l’Aurore de la terre,
Ou si l’Aurore estoit la Charlotte des cieux.