NorgeLes Petits Roux

 
   

Et la mère étant morte,
Les deux orphelins roux
Vont frapper à la porte,
La porte à gros verrou
De la tante cloporte
Au pays des hiboux.
 
Ma tante en cheveux noirs,
Ma tante en odeur grise !
— Voici de longs devoirs
Pour Luc et pour Élise,
Des soupes sans douceur
Sur des jours sans rousseur.
 
La tante a mis sous clé
Les ruisselets, la roche,
Tout le trésor des poches
Et la rousse poupée.
Puis la tante a coupé
Les beaux cheveux rouillés.
 
Plus que la nuit qui glousse
Pour parler à maman
Avec des larmes rousses
Dans des rêves piquants.
— Maman de fine mousse,
Viens toucher nos frimousses.
 
Entends tes petits roux,
Ô maman, qui t’appellent ;
C’est plein de loups-garous
Cette chambre nouvelle.
Ô maman, rends-les-nous,
Tes deux rousses mamelles.

 

© Gallimard