Ronsard 

 
   

Voici le bois, que ma sainte Angelette
Sus le printemps anime de son chant.
Voici les fleurs que son pied va marchant,
Lors que pensive elle s’ébat seulette.
 
Io voici la prée verdelette,
Qui prend vigueur de sa main la touchant,
Quand pas à pas pillarde va cherchant
Le bel émail de l’herbe nouvelette.
 
Ici chanter, là pleurer je la vis,
Ici sourire, et là je fus ravi
De ses beaux yeux par lesquels je dévie :
 
Ici s’asseoir, là je la vis danser :
Sus le métier d’un si vague penser
Amour ourdit les trames de ma vie.

 

   

Voyci le bois, que ma sainte Angelette
Sus le printemps anime de son chant.
Voyci les fleurs que son pied va marchant,
Lors que pensive elle s’esbat seullette.
 
Iö voici la prée verdelette,
Qui prend vigueur de sa main la touchant,
Quand pas à pas pillarde va cherchant
Le bel esmail de l’herbe nouvelette.
 
Ici chanter, là pleurer je la vy,
Ici soubrire, et là je fus ravy
De ses beaulx yeulx par lesquelz je desvie:
 
Ici s’asseoir, là je la vi dancer:
Sus le mestier d’un si vague penser
Amour ourdit les trames de ma vie.