Ronsard 

 
   

Le printemps n’a point tant de fleurs,
L’automne tant de raisins meurs,
L’été tant de chaleurs hâlées,
L’hiver tant de froides gelées,
Ni la mer a tant de poissons,
Ni la Beauce tant de moissons,
Ni la Bretagne tant d’arènes,
Ni l’Auvergne tant de fontaines,
Ni la nuit tant de clairs flambeaux,
Ni les forêts tant de rameaux,
Que je porte au cœur, ma maîtresse,
Pour vous de peine et de tristesse.

 

   

Le printemps n’a point tant de fleurs,
L’automne tant de raisins meurs,
L’esté tant de chaleurs halées,
L’yver n’a point tant de gelées
Ni la mer n’a tant de poissons,
Ni la Secile de moissons,
Ni l’Afrique n’a tant d’arenes,
Ni le mont d’Ide de fonteines,
Ni la nuict tant de clairs flambeaux,
Ni les forests tant de rameaux,
Que je porte au cueur, ma maitresse,
Pour vous de peine & de tristesse.