Loys Le Caron 

 
   

Si enfanter une immortelle gloire
Pouvaient mes vers, pour te faire honorer
De tous amants, et ta grâce adorer
Comme relique enchâssée en mémoire.
 
Plus richement qu’en marbre n’en ivoire
Prierais amour vouloir élaborer
Ses traits mignards et d’or fin décorer,
Pour engraver sur les cieux ta victoire.
 
Mais cette voix, qu’on entend par trop basse,
A peur d’ourdir une toile iraigneuse
Et ennoircir par honte vergogneuse
 
L’heureux tortis de la divine grâce,
Qui couronna ta pudique beauté,
Pour éblouir mon œil en cruauté.

 

   

Si enfanter vne immortelle gloire
   Pouuoient mes vers, pour te faire honnorer
   De toutz amantz, & ta grace adorer
   Comme relique enchassée en memoire.
Plus richement qu’en marbre n’en iuoire
   Prirois amour vouloir elabourer
   Ses traitz mignardz & d’or fin decorer,
   Pour engrauer sur les cieux ta victoire.
Mais cette voix, qu’on entend par trop basse,
   A peur d’ourdir vne toille yraigneuse
   Et ennoircir par honte vergongneuse
L’heureux tortiz de la diuine grace,
   Qui couronna ta pudique beauté,
   Pour esblouir mon œil en cruauté.