Paul-Jean Toulet 

 
   

Vous tous encor que ravit de rêver, et la volupté
Du regret, vous tous que ravit la nuance des choses qui meurent,
Et ces tendres brises du sud dont frissonnent les bois dévastés
            Et les vieilles demeures ;
 
Vous tous à l’âme ambigüe qu’émeut la mémoire des sols
Parfumés, foulés autrefois, et des mers aux belles colères,
Et des jours enfuis, qu’aucun printemps ne ramène par vols
            Triangulaires ;
 
Voici que l’automne a rougi les forêts et sucré les fruits :
Au fond du verger j’ai porté mon cœur nostalgique qui pleure,
Au fond du verger frissonnant d’abeilles, où coulent sans bruit
            Les lourdes heures.
 
Et lassé, je pense à de mûres amours, à des soirs écoulés
Auprès de la noble couche où le jaune étreint l’écarlate ;
Tandis que fermente en nous, et parmi les raisins foulés,
            La savante Hécate.