Tristan L'HermiteLa Belle Esclave more

 
   

Beau Monstre de Nature, il est vrai, ton visage
Est noir au dernier point, mais beau parfaitement :
Et l’ébène poli qui te sert d’ornement
Sur le plus blanc ivoire emporte l’avantage.
 
Ô merveille divine, inconnue à notre âge !
Qu’un objet ténébreux luise si clairement ;
Et qu’un charbon éteint, brûle plus vivement
Que ceux qui de la flamme entretiennent l’usage !
 
Entre ces noires mains je mets ma liberté ;
Moi, qui fus invincible à toute autre Beauté,
Une More m’embrase, une Esclave me dompte.
 
Mais cache-toi Soleil, toi qui viens de ces lieux
D’où cet Astre est venu, qui porte pour ta honte
La nuit sur son visage, et le jour dans ses yeux.

 

   

Beau Monstre de Nature, il est vray ton visage
Est noir au dernier point, mais beau parfaiteme~t :
Et l’Ebene poly qui te sert d’ornement
Sur le plus blanc yuoire emporte l’auantage.
   O merueille diuine, inconnüe à nostre âge !
Qu’vn objet tenebreux luise si clairement ;
Et qu’vn charbon esteint, brusle plus viuement
Que ceux qui de la flame entretiennent l’vsage !
   Entre ces noires mains ie mets ma liberté ;
Moy qui fut inuincible à toute autre Beauté,
Vne More m’embrase, vne Esclaue me dompte.
   Mais cache toy Soleil, toy qui viens de ces lieux
D’où cet Astre est venu, qui porte pour ta honte
La nuit sur son visage, & le iour dans ses yeux.