Pontus de Tyard 

 
   

Je mesurais pas à pas, et la plaine,
Et l’infini de votre cruauté,
Et l’obstiné de ma grand loyauté
Et votre foi fragile et incertaine.
 
Je mesurais votre douceur hautaine,
Votre angélique et divine beauté,
Et mon désir trop hautement monté,
Et mon ardeur, votre glace et ma peine.
 
Et cependant que mes affections,
Et la rigueur de vos perfections,
J’allais ainsi tristement mesurant :
 
Sur moi cent fois tournâtes votre vue,
Sans être en rien piteusement émue
Du mal, qu’ainsi je souffrais en mourant.

 

   

Je mesurois pas à pas, et la plaine,
   Et l’infini de vostre cruauté,
   Et l’obstiné de ma grand’ loyauté
   Et votre foy fragile et incertaine.
Je mesurois vostre douceur hauteine,
   Vostre angelique et divine beauté,
   Et mon desir trop hautement monté,
   Et mon ardeur, votre glace et ma peine.
Et ce pendant que mes affections,
   Et la rigueur de voz perfections,
   J’allois ainsi tristement mesurant :
Sur moy cent fois tournastes vostre veuë,
   Sans estre en rien piteusement emeuë
   Du mal, qu’ainsi je souffrois en mourant.