À André Breton pour le Mont de Piété
des échos
de bruits
nous arrivent
parfois
nous sommes si loin
de tout
des pigeons se promènent
confiants
sur le pavé
que la lune étend
sur tes mains
qui troublent
des antilopes ont appuyé leurs reins
et s’envolent
il ne reste qu’un nuage
qui se délie
le ciel se fait aride
comme l’acier
des maisons surgissent
et voguent
on les a perdues de vue
aucun ne sait l’itinéraire
l’albâtre des minarets
laisse à l’air
un roucoulement
de jasmins
un troupeau
d’hommes
débarqué
ronfle
parmi d’autres colis
une forte odeur
de cordages
quelqu’un est étendu
dans un fauteuil
d’air damasquiné
sur une corne de la lune
un corbeau
perché
ce n’est que l’effet
d’un bout
de nuage
leurs corps s’écoulaient
comme une huile
ils laissent leur formes
à des caveaux de verre
avec mes dents
j’ai déchiré
tes artères
nous avons tant bu
et tant ri
le ciel se couvrait
de corbeaux
l’air a des coins
de gazon
frais
et le désert sonnait
comme l’airain
il ne reste
d’immobile
que des rangées de lumières
au fond du gouffre
et des sifflements
qui reviennent
sans maison
sans famille
sans famille
sans amours
sans amis
sans souvenirs
sans espoir
que vient-il faire ici
il est nu
comme la nuit
comme une pierre
au lit d’un fleuve
polie
comme une pierre
de volcan
rongée
quelqu’un l’a cueillie
dans sa fronde
où suis-je tombé
mettez donc de côté
cet objet
perdu
Ah je voudrais m’éteindre
comme un réverbère
à la première lueur
du matin