Jean Antoine de BaïfÉpitaphe

 
   

Pauvres corps où logeaient ces esprits turbulents,
Naguère la terreur des Princes de la terre,
Même contre le ciel osant faire la guerre,
Déloyaux, obstinés, pervers et violents,
 
Aujourd’hui le repas des animaux volants
Et rampants charogniers, et de ces vers qu’enserre
La puante voirie, et du peuple qui erre
Sous les fleuves profonds en la mer se coulant :
 
Pauvres corps, reposez, qui vos malheureux os,
Nerfs et veines et chairs, sont dignes de repos,
Qui ne purent souffrir le repos en la France.
 
Esprits dans les carr’fours toutes les nuits criez :
Ô mortels avertis et voyez et croyez
Que le forfait retarde et ne fuit la vengeance.

 

   

Pauvres Cors où logeoyent ces esprits turbulans,
Naguieres la terreur des Princes de la terre,
Mesmes contre le ciel osans faire la guerre,
Deloiaux, obstinez, pervers et violans :
 
Aujourdhuy le repas des animaux volans
Et rampans charogniers, et de ces vers qu’enserre
La puante voirie, et du peuple qui erre
Sous les fleuves profonds en la mer se coulans :
 
Pauvres Cors reposez, qui vos malheureux os,
Nerfs et veines et chairs, sont dignes de repos,
Qui ne purent soufrir le repos en la France.
 
Esprits dans les carfours toutes les nuits criez :
O Mortels avertis et voiez et croiez,
Que le forfait retarde et ne fuit la vengeance.