« Bohème de l’Océan – picaresque et falot – cassant, concis, cinglant le vers à la cravache – strident comme le cri des mouettes et comme elles jamais las – sans esthétisme – pas de la poésie et pas du vers, à peine de la littérature – sensuel, il ne montre jamais la chair – voyou et byronien – toujours le mot net – il n’est un autre artiste en vers plus dégagé que lui
du langage poétique – il a un métier sans intérêt plastique – l’intérêt, l’effet est dans le cinglé, la pointe-sèche, le calembour, la fringance, le haché romantique – il veut être indéfinissable, incatalogable, pas être aimé,
pas être haï ; bref, déclassé de toutes les latitudes, de toutes les mœurs, en deçà et au-delà des Pyrénées. »
(Jules Laforgue, Notes)
Né en Bretagne bretonnante et maritime, c’était le fils du romancier Édouard Corbière. Il enviait la gloire de ce père, mais la vie allait lui être moins grandiose : il fut très jeune atteint d’un rhumatisme articulaire qui l’enlaidissait et l’handicapait. Son existence se passa en Bretagne, mis à part un séjour à Paris, où il publia en 1873 son unique livre, Les Amours jaunes, et deux voyages en Italie. La maladie l’emporta avant qu’il n’eut 30 ans. Il ne commença à être reconnu que dix années plus tard, quand Verlaine l’évoqua dans ses Poètes maudits.