Georges de ScudéryLa Nymphe endormie

 
   

Vous faites trop de bruit, Zéphyre, taisez-vous,
Pour ne pas éveiller la belle qui repose ;
Ruisseau qui murmurez, évitez les cailloux,
Et si le vent se tait, faites la même chose.
 
Mon cœur, sans respirer, regardons à genoux
Sa bouche de coral, qui n’est qu’à demi close,
Dont l’haleine innocente est un parfum plus doux
Que l’esprit de Jasmin, de Musc, d’Ambre et de Rose.
 
Ah que ces yeux fermés ont encor d’agrément !
Que ce sein demi-nu s’élève doucement !
Que ce bras négligé nous découvre de charmes !
 
Ô Dieux elle s’éveille, et l’Amour irrité
Qui dormait auprès d’elle, a déjà pris ses armes,
Pour punir mon audace et ma témérité.

 

   

Vous faites trop de bruit, Zéphire taisez-vous,
Pour ne pas esueiller la Belle qui repose ;
Ruisseau qui murmurez, esuitez les cailloux,
Et si le vent se taist, faites la mesme chose.
 
Mon cœur, sans respirer, regardons à genoux
Sa bouche de coral, qui n’est qu’à demy close,
Dont l’haleine innocente, est vn parfum plus doux,
Que l’esprit de Iasmin, de Musc, d’Ambre, & de Rose.
 
Ha que ces yeux fermés ont encor d’agrément !
Que ce sein demy nud, s’éleue doucement !
Que ce bras négligé nous descouure de charmes !
 
O Dieux elle s’esueille, & l’Amour irrité
Qui dormoit auprès d’elle, a desia pris ses armes,
Pour punir mon audace, & ma temerité.