Abraham de VermeilSonnet à Seine et à ses rivages

 
   

Puissant sorcier d’Amour transformé en abeille,
Je vous conjure fleurs de ces bords verdoyants,
Et vous flots argentins doucement ondoyants,
De laisser reposer la belle qui sommeille.
 
Je veux roder trois fois autour de son oreille,
Et me percher trois fois sur ses crins roussoyants,
Je veux baiser trois fois ses beaux yeux foudroyants
Et sucer tout le miel de sa bouche vermeille.
 
Mais elle est éveillée, et ses beaux doigts de lis
Me donnent jà la Mort pour les baisers cueillis,
Pressant mon corps froissé contre ses lèvres closes.
 
Ô heureux enchanteur, puisque tes jours de fiel
Finissent doucement par une mort de miel,
Couché dans un tombeau et de lis et de roses.

 

   

  Puissant sorcier d’Amour transformé en abeille,                        non vérifié                        
Je vous conjure fleurs de ces bords verdoyans,
Et vous flots argentins doucement ondoyans,
De laisser reposer la belle qui sommeille.
 
  Je veux roder trois fois autour de son oreille,
Et me percher trois fois sur ses crins roussoyans,
Je veux baiser trois fois ses beaux yeux foudroyans
Et succer tout le miel de sa bouche vermeille.
 
   Mais elle est esveillee, et ses beaux doigts de lis
Me donnent jà la Mort pour les baisers cueillis,
Pressant mon corps froissé contre ses lévres closes.
 
   O heureux enchanteur, puis que tes jours de fiel
Finissent doucement par une mort de miel,
Couché dans un tombeau et de lis et de roses.