Gérald NeveuRaison sociale

 
   

   Je vis de peu. J’entends tinter des pierres dans ma tête. On vient me visiter — un peu pour entendre ce bruit et pour m’aider à fabriquer de la mousse. Je suis très bien comme cela. Il paraît que ça me va à merveille. Il ne me manque qu’un joyeux scorpion sur la bouche. J’entends au loin mes amis qui m’appellent. Ils ont des voix attendrissantes. Ils m’exhortent à m’échapper. C’est gentil. Ça réconforte. D’ailleurs ils ignorent totalement que je suis dans un pavé. C’est mieux ainsi, leur mauvais sang tournerait à l’aigre. 

   C’est drôle comme le centre du cyclone est calme, immobile, champêtre... On se croirait presque en sécurité, n’était-ce un méchant ver de terre dans la poitrine qui fait : zhm... zhm... en brodant par-ci par-là dans la viande spéculative. On pourrait aussi trouver à redire à l’arc électrique qui fonctionne obstinément d’une tempe à l’autre. Mais à part ça...