Germain Nouveau 

 
   

Sans amis, sans parents, sans emploi, sans fortune,
Je n’ai que la prison pour y passer la nuit.
Je n’ai rien à manger que du gâteau mal cuit,
Et rien pour me vêtir que déjeuners de lune.
 
Personne je ne suis, personne ne me suit,
Que la grosse tsé-tsé, ma foi ! fort importune ;
Et si je veux chanter sur les bords de la Tune
Un ami vient me dire : il ne faut pas de bruit !
 
Nous regardons vos mains qui sont pures et nettes,
Car on sait, trou de l’air ! que vous êtes honnêtes,
De peur que quelque don ne me vienne guérir.
 
Mais je ne suis ici pour y faire d’envie,
Mais bien pour y mourir, disons pour y pourrir ;
Et la mort que j’attends n’ôte rien que la vie.