Gérard Prévot 

 
   

Je suis un étranger Faites-en votre deuil
Je ne suis pas venu pour recommencer mon père
Ni m’enterrer vivant dans vos maisons prospères
Où mon frère jamais n’a dormi que d’un œil
 
Je regarde longtemps la vie et je la nomme
Je m’offre le mandat de flairer votre sang
Je suis ce qui demeure au milieu des passants
Je suis dans le néant l’ambassadeur de l’homme
 
Famille je vous laisse après toutes ces nuits
Qu’irais-je faire encor dans vos miroirs Me taire
Et laisser l’inconnu sur nos corps sans mystère
Se mesurer avec les spectres de l’ennui
 
Je ne veux pas savoir ce que sont devenues
Les choses de l’enfance et de l’amour défunt
La tombe de ma mère en garde le parfum
L’absence est une vieille aux mains tristes et nues

 

© Seghers