Joachim Du Bellay 

 
   

Comme le champ semé en verdure foisonne,
De verdure se hausse en tuyau verdissant,
Du tuyau se hérisse en épi florissant,
D’épi jaunit en grain que le chaud assaisonne :
 
Et comme en la saison le rustique moissonne
Les ondoyants cheveux du sillon blondissant,
Les met d’ordre en javelle, et du blé jaunissant
Sur le champ dépouillé mille gerbes façonne :
 
Ainsi de peu à peu crût l’empire Romain,
Tant qu’il fut dépouillé par la Barbare main,
Qui ne laissa de lui que ces marques antiques,
 
Que chacun va pillant : comme on voit le glaneur
Cheminant pas à pas recueillir les reliques
De ce qui va tombant après le moissonneur.

 

   

Comme le champ semé en verdure foisonne,
De verdure se haulse en tuyau verdissant,
Du tuyau se herisse en epic florissant,
D’epic jaunit en grain que le chauld assaisonne :
 
Et comme en la saison le rustique moissonne
Les undoyans cheveux du sillon blondissant,
Les met d’ordre en javelle, et du blé jaunissant
Sur le champ despouillé mille gerbes façonne :
 
Ainsi de peu à peu creut l’Empire Romain,
Tant qu’il fut despouillé par la Barbare main,
Qui ne laissa de luy que ces marques antiques,
 
Que chacun va pillant : comme on void le gleneur
Cheminant pas à pas recueillir les reliques
De ce qui va tumbant apres le moissonneur.