Robert Marteau 

 
   

Les geais ébouriffent l’air, s’arc-boutent
Comme s’ils étaient toujours en colère,
S’effilent et plongent dans les saules
Que l’hiver n’a pas défeuillés.
Ils réclament des choses qui cassent
Sous le bec. Ils ont au jabot
Un peu de pourpre répandu dans le gris ;
Ils ont des épaulettes blanches et bleues
Avec des éclats de noir. Ils s’effarent
D’eux-mêmes, invectivent, vitupèrent
Les alentours sans rien écouter,
Inaptes à tout raisonnement,
Eux qui claquent et résonnent
Comme qui connaît la musique.

(Jardin des plantes, mercredi 25 décembre [1985])