Ma mère me baigne dans l’obscurité, elle m’habille au grand soleil et me coiffe dans la lumière ; mais si je sors au clair de lune, elle serre ma ceinture et fait un double nœud.
Elle me dit : « Joue avec les vierges, danse avec les petits enfants ; ne regarde pas par la fenêtre ; fuis la parole des jeunes hommes et redoute le conseil des veuves.
Mère inépuisable, incorruptible, créatrice, née la première, engendrée par toi-même, conçue de toi-même, issue de toi seule et qui te réjouis en toi, Astarté !
Ô perpétuellement fécondée, ô vierge et nourrice de tout, chaste et lascive, pure et jouissante, ineffable, nocturne, douce, respiratrice du feu, écume de la mer !
Ma petite enfant, si peu d’années que j’aie de plus que toi-même, je t’aime, non pas comme une amante, mais comme si tu étais sortie de mes entrailles laborieuses.
Lorsque étendue sur mes genoux, tes deux bras frêles autour de moi, tu cherches mon sein, la bouche tendue, et me tettes avec lenteur entre tes lèvres palpitantes,