Il fait déjà grand jour. Je devrais être levée. Mais le sommeil du matin est doux et la chaleur du lit me retient blottie. Je veux rester couchée encore.
Tout à l’heure j’irai dans l’étable. Je donnerai aux chèvres de l’herbe et des fleurs, et l’outre d’eau fraîche tirée du puits, où je boirai en même temps qu’elles.
Plus pur que l’air nocturne où l’or bleu s’éblouit Plus pur que le désir suscité par les astres Un cœur de marbre qu’un lent souffle épanouit Éclôt d’une colonne où l’or des astres luit. Fleur ! ô les cœurs d’acanthe aux cous blancs des pilastres ! [...]
Tes pieds sont plus délicats que ceux de Thétis argentine. Entre tes bras croisés tu réunis tes seins, et tu les berces mollement comme deux beaux corps de colombes.
Sous tes cheveux tu dissimules tes yeux mouillés, ta bouche tremblante et les fleurs rouges de tes oreilles ; mais rien n’arrêtera mon regard ni le souffle chaud du baiser.