La brise du matin chantait sur les îlots. Tout bruissait, à l’heure où tout est près d’éclore. La nature amoureuse était pleine d’aurore Et berçait ma tristesse au rythme des grands flots.
Lykas m’a vue arriver, seulement vêtue d’une exômis succincte, car les journées sont accablantes ; il a voulu mouler mon sein qui restait à découvert.
Il a pris de l’argile fine, pétrie dans l’eau fraîche et légère. Quand il l’a serrée sur ma peau, j’ai pensé défaillir tant cette terre était froide.
De mon sein moulé, il a fait une coupe, arrondie et ombiliquée. Il l’a mise sécher au soleil et l’a peinte de pourpre et d’ocre en pressant des fleurs tout autour.
Mère inépuisable, incorruptible, créatrice, née la première, engendrée par toi-même, conçue de toi-même, issue de toi seule et qui te réjouis en toi, Astarté !
Ô perpétuellement fécondée, ô vierge et nourrice de tout, chaste et lascive, pure et jouissante, ineffable, nocturne, douce, respiratrice du feu, écume de la mer !
Ma petite enfant, si peu d’années que j’aie de plus que toi-même, je t’aime, non pas comme une amante, mais comme si tu étais sortie de mes entrailles laborieuses.
Lorsque étendue sur mes genoux, tes deux bras frêles autour de moi, tu cherches mon sein, la bouche tendue, et me tettes avec lenteur entre tes lèvres palpitantes,